Nous vivons une situation bien particulière, qui m’attriste beaucoup. Le confinement est difficile pour beaucoup, surtout psychologiquement et économiquement. Mais rappelons-nous que ceux qui sont en confinement ont une grande chance, malgré eux. D’autres se battent pour sauver des vies et accompagner des gens dans le besoin. Ceux-là sont exposés au risque de contamination et de propagation du virus.
Les témoignages
Hier matin, avec Blandine, nous avons eu des nouvelles de nos cousins qui m’ont choquées :
Les pompiers
Un cousin pompier nous annonce qu’ils transportent des cas de personnes malades plusieurs fois par jour (tous sont en tenue bactériologique) et qu’à la fin de chaque transport de malade atteint du Coronavirus, ils doivent passer plus d’une heure à bio-nettoyer leur ambulance. Ils n’ont plus de contact avec l’extérieur, ils ne peuvent plus manger ensemble entre collègues. Leurs familles sont interdites dans la caserne, et la situation peut évoluer pour eux vers un confinement en caserne (sans conjoint, ni enfant). Plus de livraison, plus de maintenance, plus de sport hormis la course à pied. Ils aident les personnes malades, mais sont eux-mêmes très isolés.
Bref, une situation que j’ai du mal à imaginer et pourtant bien réelle. Au moins pour le moment ils sont équipés.
Les pompes funèbres
Une de nos cousines, maman célibataire de 2 enfants, travaille aux pompes funèbres. Ils ont eu leur premier cas de décès par Coronavirus lundi. J’ai appris qu’un corps défunt était toujours contagieux. Sans parler du risque par leur entourage d’être porteur du virus… Voici ce qu’elle nous écrit :
“Les défunts du coronavirus sont mis en cercueil direct, pas de transport, pas de salon, rien. Et bien sûr, pour recevoir les familles des défunts du coronavirus c’est compliqué, on a aucun équipement, ni masque, ni rien car nous ne sommes pas du personnel soignant… donc très exposés nous aussi”.
J’ai trouvé ça très choquant. D’abord pour les familles qui ne peuvent pas dire au-revoir à leur proche disparu. Mais aussi que des personnes si exposées n’aient pas d’équipements.
L’EHPAD
La maire de mon village qui est responsable d’un EHPAD m’a contacté car elle va bientôt être à cours de stock de masque de protection pour que son équipe ne contamine pas les résidents au cas où ils seraient porteurs sain du virus. Elle m’a demandé de lui fabriquer 80 masques pour les 80 personnes qui y travaillent.
Que peut-on faire ?
Voilà, on parle de beaucoup de choses ces jours-ci : crise sanitaire, politique, économique.… Mais toute mon énergie va vers ceux qui gèrent la crise sur le terrain et ceux qui ont besoin de soutien. Et si comme moi vous vous sentez concernés, vous aussi, couturières et couturiers pouvez aider le pays et les gens qui en ont besoin en leur fabriquant des masques.
Vous pouvez coudre des masques d’abord pour vous et vos proches, quand vous devrez aller faire des courses ou autre. Peut-être même devez-vous aller au travail ?
Mais aussi, répondez aux appels des hôpitaux et des infirmiers libéraux et des travailleurs indépendants .
Sur le site dédiés aux masques barrières, L’AFNOR créer le lien entre une offre solidaire et des demandes de masques barrières.
Sur le compte @sauvetonsoignant vous pourrez aussi être mis en relation avec des professionnels dans votre département qui ont besoin de masques.
Ils vous proposent également un tuto pour coudre un masque sans couture sagittale (couture verticale passant par le nez, la bouche et le menton).
Si vous n’avez pas Instagram, que vous êtes dans un autre pays ou que vous souhaitiez aider plus localement, appelez les services près de chez vous : les mairies, les pompes funèbres, les EHPAD, les crèches et écoles qui accueillent un service minimum… Demandez autour de vous si quelqu’un ou un service en a besoin. Postez une proposition sur votre Facebook… Un petit geste de couturière peut aider à sauver des vies.
Et puis bien sûr on le précise mais en premier lieu si jamais vous avez des masques chirurgicaux, n’hésitez pas à répondre aux appels de dons comme c’est le cas pour l’hôpital de La Rochelle et aidez le personnel des hôpitaux à se protéger efficacement.
Coudre un masque
Mon intention était de vous créer un patron et son tutoriel pour que vous puissiez fabriquer vos masques. Mais l’AFNOR met à disposition de tous un référentiel de fabrication de masques à usage non sanitaire ainsi que des patrons pour adultes et enfants de plus de 7 ans.
L’avis de Bérangère, ingénieur textile
Bérangère du blog Couture et Paillettes est ingénieur textile la journée et blogueuse la nuit. Elle a écrit un article très complet et à la portée de tous au sujet de “La Place Des Masques En Tissu Dans La Prévention Du Coronavirus COVID-19”. Je vous invite à le lire en entier pour bien assimiler les informations essentielles sur ces masques qui ne sont pas des dispositifs médicaux.
Comme elle l’écrit, ce qu’il faut retenir c’est que :
- un masque en tissu, ce n’est pas un dispositif médical
- un masque en tissu, c’est bien pour améliorer les gestes barrières : diminution du contact main-bouche
- un masque en tissu, c’est bien pour éviter de contaminer les autres avec ses postillons (pensons à autrui !)
- un masque en tissu, c’est bien pour respecter la distanciation sociale : si l’on vous voit avec un masque, vous pouvez être certain qu’il y aura plus d’un mètre entre-vous et les autres
- il est préférable de réaliser un masque en coton pour le confort et la respirabilité
- il faut penser à pouvoir insérer une 3ème épaisseur de tissu « filtre »
- l’efficacité d’un filtre n’est pas lié à son épaisseur. Les lingettes dépoussiérantes électrostatiques sont une bonne alternative.
- un masque en tissu ne vous dispensent pas de vous laver les mains
- pour être efficace, un masque en tissu doit se porter de la bosse du nez jusqu’en dessous du menton
- avant de mettre votre masque, lavez-vous les mains et ne touchez plus au masque une fois en place !
Sur son article Bérangère vous propose également un patron pour y insérer une troisième épaisseur pour un tissu “filtre” et y ajoute aussi le lien pour faire un autre masque à plis par La Maison Victor.
Encore une fois, ces masques ne remplacent pas les masques chirurgicaux qui eux sont d’une efficacité prouvée. Ils aident simplement à réduire le risque et forment une première barrière comme le mentionne un médecin dans cet article de France 3 sur lequel vous trouverez également d’autres tutos pour coudre des masques:
“Ces masques en tissu ne seront évidemment certifiés par aucun organisme officiel, mais ça peut malgré tout servir de barrière aux droplets, c’est-à-dire aux petites gouttelettes que les patients émettent quand ils parlent, quand ils toussent et quand ils éternuent. C’est mieux que de ne rien mettre!”
Et puis bien sûr, ça aide à préserver les stocks pour le personnel soignant des hôpitaux comme le rappelle l’hôpital de Saint-Brieuc sur sa page Facebook :
“Pour pallier un éventuel manque de masques de protection et limiter le risque de propagation, nous avons besoin de votre aide pour créer un stock de masques pour tous les professionnels non soignants de l’hôpital et ainsi préserver notre stock de masques chirurgicaux réservé pour les soignants.”
Merci à tous d’avance pour votre soutien à ceux qui en ont besoin. Chaque geste compte et on compte sur vous pour partager et diffuser largement cet article. Je vais commencer par coudre des masques pour ma cousine et ses collègues et 80 autres pour un EHPAD. Et je continuerai tant qu’il y aura besoin.
Prenez soin de vous.
Marie-Emilienne